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Mise au point

  • Véronique Pop'harpe
  • 22 juil. 2017
  • 7 min de lecture

Nous publions ici une mise au point en réponse à une vive critique reçue ces jours-ci sur le travail de Pascal Bernard et Véronique Musson-Gonneaud et la création de la " harpe en carton de Pop'harpe".

Réponse à Monsieur D. – 21 juillet 2017

Monsieur,


Vous venez de nous adresser un courrier accusateur fort désagréable (dont nous reproduisons un large extrait ci-dessous) auquel nous souhaitons répondre publiquement afin de lever des malentendus dommageables. Nous profitons donc de l’occasion pour reformuler des précisions indispensables sur notre travail et notre modèle de harpe en carton.


Contrairement à ce dont vous nous accusez, nous n’avons jamais prétendu que notre invention résidait dans « l’utilisation de carton pour la caisse de résonance, et la simplicité extrême du triangle de bois ».

En revanche, nous avons considéré que l’utilisation du carton comme caisse de résonance était une excellente idée dans la mesure où cela impactait grandement le coût final, mais pas vraiment la qualité ni la performance par rapport à une caisse de résonance en bois : en effet, ce n’est pas là que réside notre apport.

Les propriétés acoustiques du carton sont connues depuis longtemps. Elles nous avaient d’ailleurs été indiquées, bien avant que l’on ne connaisse les harpes de Waring, par des chercheurs du Laboratoire d’Acoustique Musicale du CNRS.


Nous respectons beaucoup le travail de Dennis Waring et la porte qu’il a ouverte avec sa Waring harp (qui d’ailleurs ne date pas d’hier). Nous rappelons d’ailleurs régulièrement, lors de nos stages, comme devant les médias, que le « déclic » et l’énergie pour entreprendre nos recherches, nous est venue de leur découverte. Ce qui, dés le départ, nous a éloigné des harpes de Dennis Waring, c’était le pari de faire des harpes en carton pouvant répondre à un usage musical plus « classique » et exigeant.À l’époque — nous pouvons vous l’assurer — personne, parmi les luthiers comme parmi les harpistes, ne nous prenait au sérieux. Nous avons persévéré par intérêt, amusement, un peu aussi, il faut bien le reconnaitre, par défi, et enfin pour des raisons personnelles parce que nous avions beaucoup souffert du coût des harpes.Pour parvenir au résultat actuel, nous avons fait plusieurs dizaines de prototypes, et de très nombreux calculs et études. Cela nous a occupé plusieurs années à notre rythme, nous a demandé beaucoup de patience, et a suscité également beaucoup de découragements. Cela nous a donné aussi beaucoup de joie, de rencontres et d’amitiés.En effet, nous étions convaincus, qu’avant même le choix des matériaux, c’était le choix de la disposition et de la tension des cordes, de l’assemblage et la forme du cadre, et de ce fait, de la disposition des chevilles qui conditionnait vraiment la qualité sonore de la harpe. C’était un pari audacieux et complètement à contre-courant de l’approche habituelle.Il faut largement méconnaitre l’organologie pour penser, comme vous nous en faites le reproche, que ce ne sont là que : « quelques modifications simples d’ordre technique, choix des cordes, des systèmes d’accrochage, etc, c’est à dire, ce qui se fait pour n’importe quelle harpe ».


En l’occurrence, la prouesse technique, c’est d’avoir réussi à ajouter quasiment une octave de basses en plus (lesquelles sonnent vraiment bien) tout en conservant une console droite, et la simplicité de facture, qui étaient les garants d’un prix bas. Et cela n’était réalisable que parce que nous avons repensé complètement à la fois le plan et les assemblages et travaillé sur la qualité acoustique des matériaux d’origine.

Nous estimons avoir gagné notre pari en inventant un modèle de harpe original qui allie une belle sonorité pour un coût très accessible. Les nombreux professeurs de harpe qui assistent à nos stages pour se doter d’une telle harpe et entrainent leurs élèves à les utiliser en sont les premiers ambassadeurs.


De même que le célèbre facteur espagnol Antonio de Torrès, souhaitant éprouver la validité de ses théories sur le galbe et le barrage de la table d’harmonie de la guitare, construisit en 1862 une guitare avec une caisse et des éclisses en carton aujourd’hui conservée au Museu de la Música de Barcelone), nous voulions éprouver notre théorie sur l’importance primordiale du calcul du plan de corde sur la sonorité d’une harpe.D’ailleurs, nous avons pour projet de mettre bientôt gratuitement à disposition du public un outil de calcul de plan de cordes de harpes.D’ici là, rien n’empêche chacun de comparer les instruments et de choisir celui qui lui convient le mieux.Mais de grâce, si jamais vous touchez l’une des nôtres, n’oubliez pas de regarder aussi la harpe dite “gothique“ qui était en usage au 15e s. Notre modèle n’en a pas le « look » mais, pour ce qui est des possibilités musicales, en est, à dessein, très proche.N’oubliez pas non plus de regarder sa petite cousine directe, étonnante création d’un ami luthier qui a répondu d’une toute autre façon à la problématique que nous lui avions soumise au départ — ce qui a donné lieu pendant plusieurs années à une émulation fort constructive et amusante entre nous — l'étonnante Stealtharp. Regardez enfin une autre petite sœur de la harpe de Dennis Waring qui, contrairement aux nôtres (et parce que ce n’est pas du tout notre projet), est conçue pour supporter des palettes la Gondor harp Sanatlari.


Toutes ces petites harpes à bas coût ont des particularités qui leur sont propres, toutes ont leur place et répondent à des besoins, des exigences et un public différents : elles ont été élaborées sur des compromis de facture.

Les luthiers ne sont pas des voleurs. Si une harpe coûte cher c’est pour de raisons de coûts incompressibles dont dépend leur qualité. Mais si toutes les petites harpes que nous venons de citer sont si peu chères, c’est parce qu’elle sont le fruit de choix correspondant pour chacune à un projet différent. Le résultat dépend des objectifs musicaux, pédagogiques ou commerciaux que se sont fixés leurs créateurs.


Permettez-nous enfin de vous rappeler que notre invention est indissociablement liée à une association à but non lucratif, et n’a pas donné lieu à la constitution d’une entreprise. À ce titre, nous ne tirons aucun bénéfice de notre travail. Précisons également que le Prix que nous avons reçu au Concours Lépine est un prix honorifique, et que celui que nous avons touché du Fonds Maif pour l’Éducation portait sur le projet éducatif global et pas du tout sur l’invention.


D’ailleurs si vous prenez la peine d’approfondir le projet, vous verrez qu’il ne s’agit nullement de « vendre » des instruments - comme vous le sous-entendez - et encore moins de faire de la concurrence à quiconque. Bien au contraire : nous rendons à la fois hommage au merveilleux travail des luthiers sans lesquels nous ne ferions rien, et souhaitons leur amener de nouveaux clients.


Nous ne proposons que des formations et n’y acceptons que les adhérents auxquels nous demandons de partager la philosophie du projet et d’accepter de faire un bout de chemin avec nous, quitte à bousculer leurs certitudes. Comme pour tout apprentissage, il faut y venir l’esprit ouvert, être prêt à mettre la main à la pâte et éventuellement à remettre en question quelques certitudes. Nos stages ne sont d’ailleurs pas réputés faciles.

Si en revanche, vous souhaitez uniquement acquérir une harpe passez votre chemin.


Sachez d’ailleurs que nous renvoyons les personnes qui veulent des kits vers D. Waring, et les personnes qui souhaitent aller plus loin dans tel ou tel répertoire, vers les luthiers et artisans dont c’est le métier, et qui leur proposeront un résultat beaucoup plus abouti.


Nos modèles de harpes sont l’un des moyens d’un projet global, solidaire, et humaniste, qui, si vous êtes, comme vous l’écrivez, soucieux de la diffusion de la musique au plus grand nombre, ne devrait que vous séduire.

Nous fournissons, en effet, un travail considérable et largement bénévole pour œuvrer à la diffusion et la démocratisation de la harpe.

Et si le succès permet de contribuer à atteindre cet objectif, alors c’est tant mieux.


Bien à vous,

Merci de nous avoir donné l’occasion de préciser ces quelques points.


Pascal Bernard et Véronique Musson-Gonneaud

Message de Mr D.– 19 juillet 2017

Bonjour,

(…)


Si je comprends bien, vous avez amélioré la harpe du Docteur Waring, en lui apportant quelques modifications simples d'ordre technique, choix des cordes, des systèmes d'accrochage, etc, c'est à dire, ce qui se fait pour n'importe quelle harpe.


Mais vous n'êtes pas intervenus sur le fonds de l'invention de Waring, qui est l'utilisation de carton pour la caisse de résonance, et la simplicité extrême du triangle de bois.


Ce sont là les vrais éléments de rupture qui permettent de qualifier une "vraie invention", une "vraie innovation". Les améliorations techniques ultérieures sont certes utiles, mais ne justifient pas de se qualifier d "'inventeur".


Je suis donc plutôt surpris que vous ayez reçu un prix au concours Lépine, que vous l'ayez accepté et que vous communiquiez sur le fait d'être les inventeurs.


Je suis persuadé que les gens et les media qui ont vu votre harpe ne se sont pas concentrés sur les améliorations que vous avez apportées, mais sur l'innovation de rupture qui était d'utiliser du carton.

Or, cette innovation de rupture, dans son extrême simplicité, vous n'y êtes absolument pour rien. En voyant votre harpe, les gens se sont extasiés sur l'invention du Docteur Waring, pas sur les quelques modifications techniques que vous avez apportées, et que personne n'a sans doute compris.


Il y a donc eu quiproquo et vous en avez profité.


Certes, tout cela n'est pas pour le profit, mais quand même, cela vous a permis de monter

un dossier Ullule, d'obtenir des subventions Maif, etc.

A mon sens, vous devriez rendre un peu plus justice au Docteur Waring.

(…)

2010 : Une photo nos premières expériences et autres ratés…

- Au centre, la fameuse harpe de Dennis Waring qui nous a ouvert la voie! Qu'il en soit publiquement remercié!

- De part et d'autre, nos premiers essais d'agrandissement peu probants.

- Le modèle actuel, créé en 2014 n'a plus grand chose à voir avec ce que l'on voit sur cette image, les assemblages, le plan sont conçus de manière complètement différente : ce n'est pas simple d'ajouter une octave de basses…


Les deux modèles de harpes en carton de Pop'harpe

- Nous avons fait nous aussi 2 modèles complètement différents : notre premier modèle était encore trop limité pour être convaincant à nos yeux dans d'autres répertoires que médiévaux : il n'allait que jusqu'au ré grave, et imposait, un si bémol obligatoire dans la gamme en plus du si bécarre (accord de "Mersenne"). La fabrication des cadres faisait l'objet d'un projet pédagogique avec des élèves d'un lycée professionnel. Nous ne l'avons pas diffusé hors du cercle encore très restreint de nos adhérents d'alors (une 20aine en 6 ans).

- Le modèle qui a reçu le Prix du Concours Lépine en 2016 a pallié à tous ces défauts car nous avons repensé complètement le plan, l'assemblage, les matériaux etc. Les personnes qui connaissent nos deux modèles, et plus encore les personnes qui ont connu la harpe de Dennis Waring qui nous a inspirée au tout début, peuvent témoigner du chemin parcouru.


Liens :

WARING HARP :

http://waringmusic.com/product/waring-harp/

FLOK HARP GONDOR :

http://www.backyardmusic.com/Harps/fireside-folk-harp.html

STEALTHARP :

http://www.stealtharp.com

LA GUITARE EN CARTON D'ANTONIO TORRES :

https://it.pinterest.com/pin/330310953905647751/

LE FONDS MAIF POUR L'ÉDUCATION :

http://www.fondsmaifpourleducation.fr/le-fonds-maif-pour-leducation/presentation/le-mot-du-president


 
 
 

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